Nous sommes passés, comme le disait Foucault, des « savoirs de spiritualité » aux « savoirs de connaissance » : les premiers apprenaient aux hommes à vivre, les seconds ne fournissent plus que des vérités objectives. Il est donc temps de passer d’une conception de consommation de la vie, qui s’applique à emmagasiner la connaissance à une conception de communion avec la vie pour renouer avec l’être profond présent en nous-mêmes.
Cependant, attention à vouloir chercher notre être intérieur à ne pas s’y perdre dans une forme narcissique, et ne s’accrocher alors qu’à une coquille de l’existence. À une époque ou la société nous met bien plus en avant toutes formes de coquilles plutôt que de la profondeur. “C’est une grande grâce de pouvoir s’accepter soi-même, mais c’est une grâce suprême de pouvoir s’oublier.” Disait en son temps Sénèque. L’Homme d’autrefois se faisait valoir par ce qu’il faisait, ce qu’il créait ; l’Homme d’aujourd’hui se fait valoir par ce qu’il consomme et la notoriété abstraite qu’il peut entretenir. La forme prenant le pas sur le fond, nous en oublions la profondeur créatrice de beau, qui rayonne et fait de l’être plus qu’une coquille qui se remplit d’Avoir.
Une remarque : Si tu vas à la piscine, dehors il fait 32°C, la piscine est à… 28°C. Elle sera plus fraiche donc dehors il fait chaud et dedans il fait froid. Tu te baignes et là tu la trouves super bonne. Puis tu veux sortir et là il y a un peu d’air et paf, tu as froid et restes dans l’eau. A ce moment là donc, le dedans est chaud et le dehors est froid ? Comment ce changement peut-il être possible ? Car le froid ne vient pas du dedans ou du dehors mais du changement. Tout changement peut créer du froid intérieur, de là l’importance d’avoir un socle solide pour ne pas s’enrhumer au niveau de notre être. Après tout la science le sait bien, si vous mettez la pression à une personne qui manque de chaleur alors elle fait une dépression pour pouvoir, par un choc fort, retrouver la chaleur.
Pour ne pas se noyer en période de tension ou de complication, il est bon d’avoir une ligne de flottaison au bon niveau sur le bateau de notre existence. Pour solidifier la coque de notre bateau interne, il est peut-être utile de faire des compartiments pour que, si une fuite arrive, tout le bateau ne prenne pas l’eau.
Pour cela nous pouvons voir 4 compartiments séparés qui peuvent structurer notre être et nous servir comme pilier stable en cas de tempête.
Le premier soutiendra ce qui se rapporte à nos croyances (de Dieu, de la Vie, d’une philosophie qui nous structure telle que l’épicurisme ou simplement de l’instinct de survie)
Le deuxième soutiendra ce qui se rapporte à la famille ou les amis. Tout ce qui se rapporte au relationnel face, par exemple, au sentiment de solitude que l’on peut ressentir.
Le troisième, ce qui se rapporte à nos valeurs. Ce compartiment représente ce qui structure notre rapport au monde, nos actions possibles ou impossibles pour nous même. Ce qui nous empêche de faire n’importe quoi.
Le quatrième soutiendra ce qui se rapporte à notre cerveau, à notre raison. Pour relativiser face à certaines situations où il nous arrive de nous laisser emporter par nos émotions, alors que notre expérience nous donne des raisons pour se calmer et voir la situation différemment.
L’existence, de par de multiples facteurs, nous apportera toujours des désagréments, voire des problèmes. C’est pour cela que connaitre nos parties fortes intérieures, pour pouvoir trouver de l’oxygène face aux troubles de l’existence qui peuvent fragiliser d’autres parties, peut être efficace pour prévenir la fuite. Si choc il y a, il peut être alors conseillé de voir un professionnel pour renforcer tout notre bateau, de la coque au capitaine.
L’adversité, les troubles de la vie ne sont pas là pour nous écrouler et bousiller notre vision mais sont là pour muscler notre force intérieure, pour nous permettre de trouver une paix de plus en plus profonde.
Mais que signifie alors être en paix ?
Cheminer vers la paix passe par différentes portes à ouvrir pour traverser le chemin qui nous y mène. En voici quelques-unes.
La première porte se nomme la vulnérabilité. C’est accepter pleinement que nous ne sommes pas tout puissant, accepter notre juste place pour supprimer toutes tensions créées par une frustration de toute puissance non assouvie. L’enfer ne serait-il pas au final le degré de frustration de ne pas pouvoir combler nos manques ? Du coup accepter notre vulnérabilité serait réussir à sortir de notre enfer interne.
La deuxième porte se nomme le discernement : Savoir avancer vers notre justice intérieure. Cela peut se diviser en deux parties : le discernement face à soi et face aux autres. Il arrive que nous rencontrions des personnes qui peuvent être dans la fusion, ce qui est caractérisé par le mélange de deux identités. D’autres personnes peuvent être dans la confusion des rôles ou de la place de chacun (on trouve par exemple ici le rôle de sauveur de l’analyse transactionnelle), lié à cela une idée de réparation dont on se croit à tort responsable, peut venir compliquer les relations. L’emprise d’une personne sur une autre peut ajouter à cette liste créée des cas de figure où on peut sentir la personne intrusive et être à une place qui n’est pas la sienne. Dans ces moments-là, le discernement est important pour recadrer les relations vers un cadre plus sain. La deuxième partie a trait aux différentes manières dont on peut être intrusif face à soi-même sans se respecter ou en n’écoutant pas ses propres besoins.
La troisième porte se nomme la disponibilité. En lien avec la porte passée précédemment, être disponible pour les autres permet de se sentir utile, de créer une relation forte et stable dans un élan de réciprocité avec notre entourage.
La quatrième porte, en lien aussi avec celle d’avant, se nomme le don. Donner sans attendre une réciprocité autre que faire plaisir apporte de la joie et augmente la douceur de l’existence. Ce don peut être autant matériel qu’immatériel, mais n’oublions pas que parfois, c’est dans la simplicité que les plus beaux dons se font.
La cinquième porte, une fois cette belle étape passée, se nomme la contemplation. Savoir voir la beauté et être dans la gratitude de tout ce qui peut nous sembler « normal » ou naturel apporte de la douceur de vivre et enchante notre existence au quotidien.
Toutes ces portes nous apprennent à être aligné, c’est-à-dire à ne pas faire résistance, ni à notre lumière interne, ni à la lumière sociale qui peut porter un élan de poésie, une harmonie sociale, en y voyant toute la beauté dans la simplicité de l’existence et des beautés qui nous entourent dont on ne porte plus attention et conscience.
Vivre c’est réaliser nos potentiels.
Nous sommes comme des poupées russes la plus profonde c’est l’âme, au-dessus psychique au dessus physique et la dernière c’est le vécu. L’âme est de l’énergie pure, comme du courant électrique. Avec du courant électrique, tu peux chauffer un radiateur, allumer une lampe, écouter de la musique. La nature du courant ne change pas, mais son utilisation donne une direction. Au niveau humain, le courant pourrait être l’âme et quand celle-ci arrive dans le psychique on nomme ça la volonté, quand elle traverse le physique elle se nomme la motivation, c’est elle qui donne l’élan qui porte la personne dans la création d’un acte. Et quand elle arrive dans le vécu, on parle alors de détermination. Le rôle de toute personne, c’est de réussir à bien orienter cette énergie.
Pour imager cela, c’est comme une montagne. En haut de la montagne, il y a une source d’où coule de l’eau translucide. Juste à côté il y a un homme qui se tient là avec une bouteille de colorant rouge et un sac avec des pierres et des bouts de bois.
La montagne c’est le corps humain, la source c’est l’âme l’eau c’est l’énergie qui sort de l’âme. L’énergie qui sort de l’âme à la même nature que l’âme. Le monsieur, c’est la personnalité qui va marquer notre énergie avec la bouteille de colorant. Et le sac de bouts de bois et de pierre, c’est notre capacité à pouvoir orienter ce flux (ce courant).
Maintenant l’important c’est de savoir créer des relais à chaque étape.
- Au niveau psychique, c’est apprendre à se connaître pour éviter les blocages névrotiques, de faiblesses, de souffrances, etc.
- Au niveau physique, c’est apprendre à connaître et aimer son corps pour la aussi retirer les blocages de paresse, de souffrance physique et ne pas en créer en s’imaginant pouvoir porter des bouts de bois ou des rocher plus lourds que ce qui nous est possible de déplacer.
- Au niveau du vécu : le regard de l’autre, la difficulté la limite, les obligations, peuvent faire qu’une personne peut avoir un très grand potentiel sans ancrage dans le réel. C’est la confiance en soi, la maîtrise de soi qui permet la réalisation de ce plein potentiel en retirant ces dits blocages.
Si on fait un peu d’étymologie, “Ex” vient d’extérieur, donc exister, c’est mettre à l’extérieur donc ancrer dans le réel. Si je n’existe pas en tant que personne, alors je ne peux trouver la joie. La joie, c’est la satisfaction de la vie. Donc c’est le sentiment d’exister tout en existant, l’équilibre entre l’observation de soi et la réalisation de soi. La vie pousse à exister, car on est là pour faire ce que l’on devient. Si on arrive à devenir notre potentiel dans notre présent alors on ouvre en soi la joie sans avoir à chercher des évènements qui tentent de nous créer du bonheur.
Pour ça, il faut découvrir notre personnalité.
La personnalité, c’est quoi ? C’est l’emprunte de ma personne dans la réalité. C’est pour ça que quand on regarde un tableau d’un grand peintre, on y retrouve sa personnalité. Mais si on ne veut pas catalyser notre énergie dans notre réalité, alors on se retrouve passif de sa propre vie, et notre personnalité ne devient qu’une personne alitée. La profondeur de l’être passé par la création du bien autour de soi, car c’est en offrant aux autres qu’on crée une place en ce monde. Mais alors qu’est-ce que faire une chose bonne ?
Je répondrais par une citation de Spinoza : On appelle bien une action qui est faite dans une intentionnalité de bien, mais qui indirectement peut faire le mal. Et on appelle mal une action que l’on fait directement dans une intention de mal, mais qui indirectement peut faire un bien.
Cependant attention : Il n’y a pas plus grand traumatisme pour un noyer, que de voir que le maître nageur ne sait pas nager. C’est-à-dire qu’on ne peut apporter et partager que ce qu’on a déjà appri et intégré. Maintenant si j’ai un enfant et qu’il voit que je me noie alors que je me prétends maître nageur, comment l’enfant pourra avoir envie de devenir un jour à son tour maître nageur ? Donc gagner en maturité, c’est pouvoir présenter ce que je suis devenu et non ce que je voudrais diffuser. Car si je n’a pas la maîtrise de ce que je fais, alors ce que je diffuse ne pourra qu’être diffus.
Le but c’est d’accompagner notre flux existentiel (l’eau dans l’image de la montagne). Mettre des bouts de bois, c’est notre libre arbitre posé dans notre existence. La question c’est vais-je utiliser mon libre arbitre pour mettre plein de colorant et avoir une rivière bien rouge, ou vais-je tenter de diffuser et partager l’eau la plus translucide possible ?
Mais alors exister serait être transparent sans s’affirmer ?
Bien au contraire, notre chemin est de faire naître des parties de nous en dépassant son inverse. C’est la recherche de notre obscurité qui fait naître la lumière. Un courageux est une personne qui a dépassé sa peur (elle aussi présente en lui au départ). La sincérité, c’est réussir à dépasser notre côté menteur. Une personne qui serait terne, ne fera rien apparaître, car elle ne se dépassera pas. C’est une personne qui aurait de la peine pour la chenille en voyant un papillon. Mais notre objectif, c’est de devenir tous de beaux papillons.