La route du changement : du choix au renoncement

Nous attendons la révolution du grand soir (économique, politique, sociale, spirituelle…) en ayant peur de chaque changement du petit matin.  

 

Effectivement, un être humain peut plus facilement travailler sur soi, s’élever, lorsqu’il a de quoi vivre et ne pas simplement survivre.  Lutter en tant que militant de ce fait pour un toit, la santé, à manger suffisamment pour tous est un combat noble et important pour donner l’accès à tous, la possibilité de faire son chemin de vie.

Nous pouvons regrouper les personnes qui cherchent à aller vers l’unité, vers l’immobilité (tel qu’on le voit dans le travail des méditations, dans de nombreuses spiritualités) en deux catégories. Celles et ceux qui s’excluent du monde pour vivre leur éveil, dans un monastère, dans un village autogéré, seul en tant qu’ermite… Et celles et ceux qui se mélangent aux autres, et utilisent la cité, comme lieux de transformation.

L’être humain est un être social, en perpétuel mouvement, qui cherche à réaliser ses rêves. Le problème étant qu’il désire y arriver en ayant malheureusement peur des changements que cela entraine.  Seth Godin a dit : « Je suis désolé de contredire Maslow, mais le tout 1er besoin de l’Homme n’a rien à voir avec la survie. Mais plutôt le besoin de ne pas avoir à endurer le changement ». On s’accroche à ce qu’on a l’habitude de faire, même si cela inclut plus de souffrance au long terme.

Pourtant, le changement est la nature fondamentale de la réalité. Notre corps est en état de renouvellement permanent de notre naissance à notre mort. Pratiquement tous nos organes, tous nos tissus, toutes nos cellules vont être complètement renouvelés plusieurs fois, à une fréquence plus ou moins élevée en fonction des cellules. Ce qui fait qu’au bout du compte, l’immense majorité de nos cellules et de nos organes sont plus jeunes que nous. Seule exception à cette règle, les neurones et les cellules cardiaques où le renouvellement est très lent ou quasi inexistant.

 

Alors pourquoi, n’acceptons pas le changement inévitable à la condition humaine ?

Effectivement, tout le monde parle de changement : les gens veulent vivre mieux, dans plus de confort, avoir de meilleures écoles pour leurs enfants, être en meilleure forme, être en bonne santé, mais curieusement, personne ne veut déclencher l’action initiale pour que tout se mette en marche. Tout le monde est et reste dans l’attente d’un changement extérieur, qui ne vienne pas bouleverser notre rythme, de nos modes de vie, de nos habitudes.

Quelle peur du renoncement se cache derrière ce refus de changement pour avoir ce que l’on désire, souhaite ? Mais au fait, savez-vous ce qu’est un renoncement ?

Lorsqu’on entend le mot renoncement, l’on pense vite à « sacrifice ».  En réalité, ce n’est qu’une sorte d’investissement : abandonner une chose pour une autre d’une plus grande valeur. Vous ne pouvez pas recevoir quelque chose que vous désirez, sans donner ou abandonner quelque chose en contrepartie. Mais étant donné que ce que l’on donne en contrepartie est d’une valeur plus infime, le renoncement est donc positif. Si nous prenons un exemple matériel pour bien illustrer ce propos, nous sommes prêts à renoncer à notre ancien téléphone ou ordinateur pour un nouveau plus puissant, plus performant. Ce devrait être la même chose pour notre vie et notre évolution psychiques, spirituelles… Cependant, contrairement au matériel, l’on ne peut voir la nouveauté, la « nouvelle version de notre être » tant qu’elle n’est pas complètement là. Ce qui ne peut arriver tant qu’on ne lâche pas nos anciens paradigmes. Du coup, l’on doit accepter de perdre l’ancien sans en connaitre encore totalement le nouveau.

Certes, les publicitaires ont tendance à réfuter cette loi immuable du sacrifice : « Perdez vos kilos superflus sans changer de régime alimentaire, devenez riche sans avoir à travailler dur, etc. ». Je l’avoue, le fantasme selon lequel on peut obtenir tout ce qu’on veut sans avoir à payer quoi que ce soit est un fantasme extrêmement attirant.

Ça me fait d’ailleurs penser à cette citation : « S’il était aussi facile de faire que de savoir ce qu’il faut faire, les chapelles seraient des églises et les chaumières des palais. » William Shakespeare

Notre peur de l’inconnu nous fait croire que « le prix à payer » pour n’importe quel changement de mode de vie, d’habitude… sera plus important que le bénéfice retiré. Dans une certaine mesure, ce qui empêche la plupart des gens d’atteindre le bonheur, c’est de penser qu’ils peuvent avoir le beurre et l’argent du beurre ! Vous désirez partir à l’étranger pour vos études, mais d’un autre côté, vos amis et votre famille vous manqueront cruellement. Rappelez-vous qu’il y a toujours des compromis dans la vie. Faites une petite rétrospective de votre vie, et dites-moi combien de fois, vous avez pu récolter d’énormes récompenses sans avoir à faire le moindre renoncement. Rarement, si ce n’est jamais. Vous ne pouvez pas recevoir une chose, sans céder une autre. Tout l’art de faire des renoncements réside dans le fait d’identifier la chose qui possède le plus de valeur.

Demandez-vous chaque fois que vous voulez une chose, que vous ayez une envie, ce que ça peut vous apporter dans votre vie Au final, si l’on veut être libre, épanoui, et vivre la vie de ses rêves, on doit tout simplement se poser ces questions : « Qu’est-ce que je veux vraiment, et que suis-je prêt à renoncer pour y arriver ? À quelle loi de Vie est-ce que nous adhérons aujourd’hui ? À quel chemin de Mort cette adhésion amène-t-elle à renoncer ?

“Nous sommes tous des visiteurs de ce temps, de ce lieu. Nous ne faisons que les traverser. Notre but ici est d’observer, d’apprendre, de grandir, d’aimer… Après quoi nous rentrons à la maison.” Proverbe aborigène