Tisser le lien entre cœur et raison

Suivant le cours actuel du monde, tant au niveau international que national, nous assistons à un véritable tsunami de haine, de crimes, d’horreur. Avec le soutien complice des États-Unis et de la Communauté européenne, qui a trahi son héritage de droits des citoyens, de démocratie et d’autres valeurs civilisationnelles. Jusqu’où peut aller le mal humain ?

La question est de savoir comment est-il possible que cela se produise au grand jour sans qu’il existe une autorité reconnue capable d’arrêter tout ça. Quelle est la racine sous-jacente de cette iniquité ? Aujourd’hui, nous courons un grave danger d’une guerre totale entre les puissances militaristes qui se disputent l’hégémonie mondiale, ce qui ferait du principe de notre autodestruction une réalité.

Je propose l’interprétation selon laquelle tout cela est devenu possible parce que nous avons perdu le cœur, l’esprit de finesse (de Pascal) et la dimension de l’anima (la sensibilité de CGJung). La culture moderne s’est construite sur la volonté de puissance comme domination, en utilisant une raison arrachée au cœur et à la conscience, traduite en technoscience pour notre bien et davantage à des fins de guerre. « l’être humain n’a pas été éduqué au bon usage du pouvoir… parce qu’il ne s’est pas accompagné d’un développement de la responsabilité, des valeurs et de la conscience » a dit il y a peu un représentant spirituel. La raison a établi son despotisme sous la forme du rationalisme, en rabaissant les autres manières de connaître et de ressentir la réalité. Ainsi, le sentiment ( pathos) a été réprimé sous la fausse hypothèse qu’il entraverait l’objectivité de l’analyse. Il est évident aujourd’hui que l’objectivité absolue n’existe pas. Le sujet enquête avec ses budgets et ses intérêts, de sorte que sujet-objet sont toujours liés.

Le fait est que la dimension du cœur et de la cordialité a été réprimée. La concentration excessive sur la rationalité avec laquelle nous dominons le monde, les femmes (patriarcat) et la nature au détriment du sentiment, a provoqué des erreurs socio-historiques dont nous récoltons les conséquences désastreuses. Il est urgent d’unir  la raison/ logos, et le cœur/ phatos. Le cœur enrichissant les projets rationnels d’humanité et de sensibilité ; et inversement inverser la raison, c’est-à-dire conférer une direction et une juste mesure au monde des sentiments et du cœur. Ce n’est qu’ainsi que nous trouverons l’équilibre nécessaire. Parce que nous avons étouffé le sentiment d’appartenance mutuelle, que nous sommes tous humains sans exception , nous devenons cruels génocidaires (contre notre espèce) et écocides (contre la nature). Nous avons asservi, soumis et discriminé nos frères et sœurs.

Faute d’avoir retrouvé la dimension du cœur, l’esprit de finesse (Pascal), ni la sensibilité essentielle ( anima chez Jung ), l’humanisme libéral-capitaliste occidental a fait faillite. Le soi-disant « ordre basé sur des règles » (qui changent toujours selon les convenances des puissants) s’est avéré être une erreur.

Comme l’a prévenu Chelsea Ngnoc Minh Nguyen, haut responsable de l’agence des Nations Unies : « La violence et la brutalité de ces dernières années devraient nous obliger tous – que ce soit au Sud ou au Nord, à l’Est ou à l’Ouest – à mener une action honnête et profonde. introspection sur le type de monde dans lequel nous voulons vivre ». Je ne vois pas d’autre alternative, hormis le fait que nous devons changer notre paradigme civilisationnel (de dominer et performer à solidaire et Robuste), que de fonder un nouvel humanisme, enraciné dans notre propre nature. Pour éviter de goûter la saveur du mur contre lequel nous pouirrons nous fracasser, nous devons retrouver les constantes anthropologiques, intrinsèques à notre humanité : l’amour inconditionnel, les soins essentiels, la coopération, l’empathie, la compassion, la reconnaissance de l’autre comme notre prochain, le respect de la nature et de la Terre qui nous donne tout, la fascination pour le beau. et le bien et le respect avec le mystère. De telles valeurs sont le fondement d’un autre monde possible et nécessaire à venir.

 

Tirons quelques leçons de cette culture du cœur et de la cordialité.

  1. Mettez du cœur dans tout ce que vous pensez et faites. Parler sans cœur semble froid et formel. Les paroles prononcées avec le cœur touchent le cœur des gens. Cela facilite la compréhension et l’adhésion. 
  2. Cherchez à ajouter une émotion cordiale à un raisonnement articulé. Ne la forcez pas car elle doit révéler spontanément la profonde conviction de ce qu’elle croit et dit. Ce n’est qu’ainsi qu’il émeut le cœur de l’autre et devient convaincant. 
  3. L’intelligence intellectuelle, essentielle pour organiser nos sociétés complexes (voir les travaux d’Edgar Morin), lorsqu’elle réprime l’intelligence cordiale génère une perception réductionniste et partielle de la réalité. Mais un excès d’intelligence cordiale et sensible peut aussi conduire à un sentimentalisme édulcoré et à des proclamations populistes. Il est important de toujours chercher la juste mesure entre l’esprit et le cœur, en articulant les deux pôles à partir du cœur.