La résistance sensible : pour une insurrection du cœur

Face à l’emprise croissante des logiques de pouvoir déshumanisées, qu’elles soient pathocratiques, technocratique, bureaucratiques ou numériques, une forme de résistance silencieuse et pourtant radicale émerge : la résistance sensible. Elle n’est pas seulement politique ou militante au sens classique, mais engage la totalité du vivant en nous : la perception, l’émotion, la relation, l’art, la lenteur, le soin.

 

 

Une résistance sans tambour ni canon

La résistance sensible n’a ni drapeau ni parti. Elle ne se déclame pas sur les tribunes mais s’initie dans l’ordinaire : un regard qui refuse d’être indifférent, une main qui prend soin, un récit qui rallume les âmes. Elle s’inscrit dans le corps, les gestes, les liens. Là où le monde exige efficacité, productivité, performance, elle réplique par la présence, la lenteur, la qualité d’être. Elle est à la fois modeste et révolutionnaire, car elle agit là où le pouvoir est aveugle : dans les interstices, les marges, les silences. C’est le souffle d’un soignant qui écoute, même sans solution, la plainte d’un patient, le cri d’un poète dans un désert bétonné.

Dans la lignée de la ponérologie politique, qui analyse les mécanismes du mal dans les structures, la résistance sensible devient une contre-force silencieuse mais profonde. Là où le mal déforme le langage, elle rétablit la poésie. Là où il détruit l’empathie, elle crée de la reliance. Là où il impose la peur, elle nourrit la confiance. Elle ne s’oppose pas frontalement. Elle déjoue, elle déplace, elle transforme. Car elle sait que toute confrontation directe avec un système pathologique peut l’alimenter davantage. Elle préfère les détours : ceux de la tendresse, de l’art, du conte, du soin. La résistance sensible passe par les arts, qui sont les lieux où la vie reprend souffle, où les imaginaires s’ouvrent, où les sensibilités se réveillent. Comme l’écrivait Antonin Artaud, « il faut retrouver la vie là où elle est confisquée. » Le théâtre, la musique, le dessin, la danse, les contes… autant de lieux de décolonisation intérieure, de re-sensualisation du monde. Là où le monde technicien réduit les êtres à des fonctions, l’art nous rappelle que nous sommes aussi des respirations, des mystères, des incandescences.

Les lieux du soin, en santé, en éducation, en relation sociale, sont aussi des terrains cruciaux de cette résistance. Le soin n’est pas un acte technique : il est un acte poétique, une manière d’habiter le monde autrement, de reconnaître en l’autre sa part sacrée, sa fragilité, son unicité. La parole libre, celle des conteurs, des poètes, des thérapeutes, des amoureux de la vie, tisse une contre-parole face aux récits dominants de guerre, de contrôle, de rentabilité. Et les communautés sensibles, ces micro-espaces de chaleur humaine, d’écoute, de partage, de lenteur, deviennent les laboratoires d’un monde à venir.

Il ne s’agit pas d’idéaliser la sensibilité. Elle est parfois douloureuse, instable, désarmée. Mais elle est aussi ce qui nous relie, ce qui nous fait humains, ce qui nous empêche de nous habituer à l’inacceptable. Dans une époque marquée par l’indifférence algorithmique, le cynisme politique et la désaffection sociale, résister par la sensibilité, c’est refuser de devenir insensibles. C’est maintenir en vie une part d’humanité que certains systèmes s’évertuent à anesthésier.

 

🎨 L’art comme insurrection douce : quand le poème prend la parole là où la politique échoue

Le monde contemporain, sous l’empire de la rationalité instrumentale et de l’économie néolibérale, tend à assécher les territoires du sensible. L’émotion y devient suspecte, la lenteur inefficace, la poésie inutile. Le langage se technicise, se vide de chair, et l’imaginaire est réduit à un divertissement rentable. Ce que Roland Gori appelle la « fabrique des imposteurs » procède par réduction du vivant au mesurable, par anéantissement progressif de la singularité au profit de normes comportementales, de KPIs (indicateur de performance) et de protocoles. Dans cette société de la mesure, l’artiste, le poète, l’amoureux, le rêveur deviennent des figures marginales, voire dangereuses. Et pourtant, c’est là que l’art résiste.

L’art n’est pas un luxe. Il est un cri. Un sursaut. Une blessure ouverte qui ose dire ce que l’époque tente d’étouffer. L’art est une défense immunitaire du corps social, un sursaut d’âme, une dissonance salutaire. Peindre, danser, conter, écrire : ce sont des actes de désobéissance subtile, où l’on affirme une présence, une singularité, une émotion non normalisable. Ce sont des gestes qui ouvrent des brèches dans les récits dominants, là où le pouvoir s’impose par saturation des imaginaires. La poésie est au cœur de cette résistance. Non pas comme genre littéraire, mais comme mode d’être au monde. Être poète, c’est refuser la langue de bois, détourner les automatismes, créer du trouble dans le langage.

Quand le politique échoue à nommer, quand les mots officiels deviennent des masques, la poésie rend au monde sa nudité, sa rugosité, sa tendresse. Elle donne une voix à l’inaudible, une forme au flou, une place au mystère. Elle opère une désobéissance douce, mais radicale. Dans l’œuvre de René Char, d’Andrée Chedid, de Christian Bobin, dans les récits de la tradition orale, la poésie ne commente pas le monde : elle le recrée, elle le re-sacralise.

Depuis les années 1990, les collectifs de l’artivisme solidaire (comme Extinction Rebellion ou les Soulèvements de la Terre) ont montré que l’art peut être relation, soin, création de communautés temporaires. Dans ces formes d’art « situé », l’œuvre n’est plus objet, mais événement. Elle transforme un lieu, un moment, un lien social. Elle crée du nous, là où le capitalisme isole. Elle fait apparaître des formes de communauté sensible, éphémères mais profondément transformatrices. Face aux formes froides du pouvoir — économiques, administratives, technologiques, l’artiste incarne la chaleur du vivant. Non pas pour fuir le réel, mais pour l’habiter autrement. Créer devient un acte de résistance contre l’absurde, contre la résignation, contre l’oubli de soi. Créer, c’est ne pas se rendre. C’est choisir l’éclat, même fugace, contre l’anesthésie. C’est préférer le tremblement au cynisme. « Nous ne sommes pas là pour nous adapter au monde, mais pour le rêver plus vaste. » Gaston Bachelard

 

🩺 Soigner comme résister : pour une clinique de la présence

Aujourd’hui, les lieux du soin, hôpitaux, maisons de retraite, cabinets, foyers, sont traversés par des tensions violentes : épuisement, déshumanisation, injonctions contradictoires, pressions technocratiques. La logique managériale s’y impose : protocoles, algorithmes, indicateurs de performance, réduction des temps d’écoute. Le soin, pourtant ancré dans la relation, devient une fonction ; la présence devient une tâche chronométrée ; l’humain devient un cas codé. Dans ce contexte, soigner véritablement, c’est-à-dire écouter, accueillir, toucher, accompagner, faire une véritable clinique, devient un acte de résistance : une manière de rappeler que l’autre est une présence vivante, pas une donnée à gérer.

Dans la lignée d’Ivan Illich (Némésis médicale), de Winnicott, ou de Cynthia Fleury (Les Irremplaçables), on peut affirmer que le soin ne se réduit pas à la médecine. Il est une éthique incarnée. Soigner, c’est se rendre disponible à la souffrance de l’autre, sans chercher à la capturer ou à la neutraliser par un automatisme. Soigner, c’est poser un acte de présence. C’est dire à l’autre : « Je te vois. Tu n’es pas seul. » Et dans un monde où l’isolement est une arme du pouvoir, cette reconnaissance est un geste subversif. Soigner sans présence, c’est guérir sans rencontrer. Mais la présence n’est pas un luxe, c’est le cœur battant du soin. C’est elle qui permet le lien, l’alliance, la transformation. Dans la clinique sensible, il s’agit de :

  • Ralentir, pour permettre au vécu de se dire
  • Écouter, pour donner au symptôme sa parole
  • Accueillir, sans réduire, ni prescrire à tout prix
  • Soutenir, parfois sans rien faire d’autre qu’être là

Cette clinique de la présence est révolutionnaire dans un monde qui valorise l’efficience à tout prix. Elle s’inscrit dans une politique du vivant, qui reconnaît la complexité des êtres, leurs ambivalences, leurs mystères. Soigner, ce n’est pas réparer une machine. C’est tisser un récit, là où la maladie a brisé la continuité. C’est aider l’autre à se réapproprier son histoire, son corps, ses zones d’ombre. C’est une forme de poétique de la subjectivation, où le soignant est moins un expert qu’un passeur de sens, un gardien de l’intime, un guérisseur symbolique. Dans cette perspective, le soin rejoint le conte, la parole rituelle, le chant : des formes anciennes et puissantes de réparation du lien.

La résistance sensible, ici, passe par la douceur radicale. Ce n’est pas une mollesse. C’est une force d’attention, une puissance du fragile, une affirmation de la vie contre les logiques de mort. Soigner, c’est refuser la violence du monde qui nous désincarne. C’est croire encore que le vivant vaut qu’on s’y attarde, qu’un geste tendre peut sauver plus qu’un ordre. Il y a dans chaque acte de soin un poème discret, une dissidence douce.

 

🌱 Habiter la Terre autrement : communautés sensibles et politique du vivant

La politique contemporaine, happée par le paradigme néolibéral, fonctionne selon une logique d’épuisement : des ressources, des corps, des âmes. L’espace public se dévitalise, les institutions se désertifient, la parole devient stratégie. Dans ce désert du sens, le vivant est traité comme matière première, et l’humain comme capital productif. Face à cette dévitalisation, naît une autre forme de résistance, qui ne passe pas par la conquête mais par la reconstitution de milieux vivants : milieux où l’on respire, où l’on écoute, où l’on cultive du commun. Les communautés sensibles sont ces lieux, parfois des écolieux, des coopératives, des cercles de parole, des tiers-lieux artistiques ou thérapeutiques, où l’on tente de tisser une autre qualité de lien. Elles ne sont pas nécessairement visibles, bruyantes ou spectaculaires. Mais elles incarnent un art de vivre en résistance. Elles reposent sur quelques principes simples mais révolutionnaires :

  • La lenteur comme méthode
    → Prendre le temps de l’écoute, du repas partagé, du silence, du soin.
  • La présence au vivant
    → Jardiner, composter, marcher, cuisiner : des gestes modestes mais puissants qui nous ré-ancrent.
  • La co-création
    → Réinventer ensemble des rituels, des formes de gouvernance, des récits, des modes de célébration.
  • L’hospitalité
    → Ouvrir un espace pour l’autre, dans sa différence, sa douleur, sa beauté.

Ces formes de vie rejoignent la pensée d’auteur comme Bruno Latour ou Philipe Descola qui appellent à désanthropocentrer la politique, à sortir d’une vision du monde fondée sur la séparation sujet/objet, nature/culture, corps/esprit. Il s’agit de passer d’une politique de la domination à une politique de la relation :

  • Où le sol est un partenaire, non un support.
  • Où l’eau, les plantes, les animaux, les bactéries sont des cohabitants, non des ressources.
  • Où l’humain est un nœud dans un réseau d’interdépendances, non un sommet hiérarchique.

Cette écologie sensible, cette éthique incarnée du vivant, redonne à l’engagement politique une dimension tangible, affective, charnelle. Dans ces communautés sensibles, l’imaginaire n’est pas mis de côté. Il est partie prenante du politique. On y conte, on y chante, on y ritualise. On remet en mouvement ce que les sociétés modernes ont atrophié : le symbolique, le mythique, le sacré laïc. Des récits nouveaux émergent, inspirés du solarpunk, des cosmologies autochtones, des utopies concrètes, pour tisser un sens commun, non pas idéologique mais expérientiel et incarné.  Loin des grandes révolutions bruyantes, ces collectifs incarnent une insurrection tranquille, mais non moins radicale. Ils déplacent le politique depuis les hauteurs du pouvoir vers les gestes de la vie. C’est une révolution du quotidien, une poétique des usages, une reconquête du sensible. Il ne s’agit pas d’idéaliser ces lieux : ils sont traversés de tensions, de limites, d’ambivalences. Mais ils expérimentent, là où le monde se fige. Ils inventent, là où l’État répète. Ils accueillent, là où l’économie exclut.

 

✨ Mystique de l’attention et politique du sacré : la spiritualité incarnée comme résistance

L’époque actuelle est marquée par une crise du sens : plus de transcendance partagée, plus de récit commun, plus de sacré pour structurer l’existence. Le monde devient horizontal, plat, calculable, réduit à ses flux, ses données, ses utilités. La spiritualité, non comme dogme, mais comme écoute du mystère, y est perçue comme suspecte. Trop floue, trop lente, trop inutile. Pourtant, ce que notre époque rejette est peut-être précisément ce dont elle meurt d’absence : l’invisible, le souffle, l’attention, le chant intérieur. La spiritualité incarnée ne cherche pas à s’élever au-dessus du monde, mais à s’enraciner plus profondément dans la vie. Elle ne fuit pas le réel, elle l’embrasse. Elle dit : ici, maintenant, dans ce corps, cette relation, ce geste, il y a du sacré. Elle est une forme de présence radicale, qui oppose à la distraction généralisée une conscience aiguë de l’instant. Elle écoute. Elle veille. Elle se rend disponible. C’est en ce sens que Simone Weil parle d’attention comme la plus haute forme de la prière, une attention nue, sans attente, qui ouvre l’âme à ce qui est.

Une société malade de son vide a besoin d’âmes éveillées. Or, la spiritualité n’est pas qu’une affaire intime : elle est fondamentalement politique. Non pas parce qu’elle cherche à gouverner, mais parce qu’elle dérange l’ordre établi. Être spirituel, c’est refuser de réduire l’autre à une fonction. C’est voir un mystère là où le monde voit une cible marketing. C’est pourquoi la spiritualité incarnée est dangereuse pour les pouvoirs en place : elle désobéit en profondeur. Elle refuse la marchandisation du monde, la confiscation du temps, la profanation du vivant. Elle réclame la dignité des êtres, la lenteur, l’écoute, le sens.

Dans la tradition chrétienne, soufie ou bouddhiste… les gestes du quotidien, laver, cueillir, marcher, respirer, sont habités d’une dimension intérieure. Ils deviennent des lieux de présence, de prière, de reliance. Cette spiritualité du quotidien n’a pas besoin de dogmes. Elle naît dans :

  • Le silence partagé entre deux êtres
  • Le soin donné sans attente
  • Le poème qui ouvre un monde
  • Le repas cuit avec amour

C’est une mystique sans miracle, une foi sans doctrine, une force humble mais inébranlable. La spiritualité incarnée est souvent solitaire, mais elle n’est pas individualiste. Elle nous rend plus disponibles au lien, à l’autre, à l’invisible entre les êtres. Elle nous réapprend une politique du cœur, non sentimentale mais éthique. Chez Christian Bobin, la lumière est dans la tasse de thé, dans le chant d’un merle, dans la main d’une vieille femme. Chez Maître Eckhart, Dieu se tient dans le « pur être ». Ces voix nous rappellent que la révolution commence dans l’intime, dans l’ajustement du souffle, dans l’accueil de l’instant. Que la prière peut être un acte de résistance.

 

 

Pour une insurrection des vivants

La résistance sensible est une force d’incarnation. Elle ne vise pas à conquérir, mais à restaurer. Non pas à dominer, mais à réenchanter. Elle ne prend pas les armes, elle cultive les liens. Elle n’impose pas de dogme, elle ouvre des espaces de respiration. Dans le bruissement d’un arbre, la lenteur d’un repas partagé, la vérité d’un regard, l’éclat d’un récit, elle rappelle que le politique peut être un acte de présence, que la beauté est une arme douce, et que le cœur, loin d’être naïf, est un organe révolutionnaire.

L’art, dans sa forme la plus nue, la plus directe, est un réveil. Il ranime ce que l’ordre social tente d’éteindre. Il est mémoire des luttes, matrice de mondes à venir, incubateur de l’utopie concrète. La résistance sensible commence ici : dans un geste créateur, un mot qui ouvre, une image qui déplace, une danse qui libère. L’artiste n’est pas un ornement de la République. Il est son poète dissident. Il dit ce que les chiffres n’entendront jamais.

Soigner, c’est tenir tête. C’est ne pas céder à la barbarie de l’indifférence.
Dans chaque attention donnée, chaque silence partagé, chaque présence tenue, le soin redonne au monde son humanité perdue. C’est une forme de militance invisible, une clandestinité du cœur. Il ne s’agit pas seulement de réparer les corps. Il s’agit de tenir vivante l’âme du monde, là où elle vacille. Et de rappeler, inlassablement, que l’autre est un mystère à accompagner, et non un problème à résoudre.

Les communautés sensibles ne nous sauvent pas. Elles nous réapprennent à vivre. À vivre ensemble. À vivre en lien. À vivre lentement. À vivre en écoutant la terre, les corps, les mots du silence. Elles sont la preuve tangible que la douceur est une forme de puissance. Que l’écologie peut être affective. Que la politique peut être relationnelle. Et que la résistance peut prendre la forme d’un chant au bord du feu, d’un repas cueilli ensemble, d’un conte transmis à l’enfant.

La spiritualité incarnée est une voie de rébellion douce mais absolue. Elle n’érige pas des temples : elle sacralise la terre. Elle ne cherche pas à dominer : elle partage le mystère. Elle ne fuit pas le monde : elle l’embrasse, avec ses blessures, ses joies, ses limites. Elle nous dit que, dans ce monde abîmé, le soin de l’âme est un acte politique.

Et si la révolution de demain naissait non pas dans la prise du pouvoir, mais dans la puissance du chant, du conte, du soin et du rêve partagé ?

 

 

Manifeste poétique de la résistance sensible

Nous ne prendrons pas la Bastille,
Nous ne brandirons ni fusils ni drapeaux.
Nous marcherons à l’intérieur du vent,
Avec pour seule arme la tendresse des gestes.

Nous sommes les faiseurs de feu doux,
Les veilleurs d’aube dans les ruines du vacarme.
Nous ne crions pas, nous écoutons.
Nous ne conquérrons pas, nous cultivons.

Nous croyons que le monde meurt d’avoir trop voulu réussir,
Trop vendu, trop compté, trop couru.
Et que le cœur, lui, sait encore habiter,
Dans le silence, dans l’inutile, dans l’immense.

Nos barricades sont faites de contes,
De repas partagés, de mains ouvertes.
Nos alliances se tissent dans les forêts,
Dans les cercles de parole,
Dans le silence entre deux présences vraies.

Nous sommes les alliés des herbes folles,
Des enfants qui déraillent,
Des vieux qui parlent aux arbres.
Nous nous nourrissons de récits anciens,
De chants oubliés,
De gestes que le monde a jetés dans l’ombre.

Nous n’avons ni parti ni manifeste de marbre,
Nous avons des poches pleines de graines.
Et des cœurs tenaces,
Prêts à perdre pour ne pas trahir.

Nous sommes la résistance sensible.
Ni majorité, ni minorité.
Un murmure persistant.
Une présence qui ne se rend pas.

Et nous vous tendons la main.
Pas pour vous rallier.
Mais pour marcher à vos côtés,
Vers un monde habitable,
Un monde habité,
Un monde à hauteur d’âme.