Et si la meilleure manière de résoudre les crises écologiques, économiques et sociales que traversent nos pays était de présenter des solutions et de raconter une histoire qui apporte du bien-être? À l’écart des discours anxiogènes et moralisateurs de ceux qui sont censés avoir une pensée pour nous, ils ont opté pour un ton ludique et pédagogique afin de proposer quelques pistes qui pourraient être bénéfiques pour la planète et celle qui la habite.
En 2012, Anthony Barnosky et Elizabeth Hadly, deux chercheurs des universités de Stanford et de Berkeley, publient dans la prestigieuse revue scientifique Nature une étude évoquant la possibilité que notre espèce pourrait disparaître. C’est la première fois que cette possibilité est envisagée dans une étude scientifique. Cette éventualité est de plus due en grande partie à l’activité humaine.
Le film Demain se distingue par sa volonté de ne pas raconter un récit de désespoir ou d’apocalypse, mais plutôt de mettre en évidence l’existence d’alternatives, la mobilisation de personnes à travers le monde, la proposition de solutions novatrices pour l’avenir et l’incitation des populations à changer leurs comportements dans une véritable conscience éco-citoyenne.
Ainsi, Mélanie Laurent, Cyril Dion et leurs équipes nous convient à découvrir des femmes et des hommes engagés dans la création d’un nouveau modèle écologique, économique et social lors d’un voyage dans 10 pays du monde. Demain est une combinaison entre le film de voyage et l’exposé pédagogique pour explorer, à travers cinq volets thématiques, des exemples concrets de réponses aux défis environnementaux et sociaux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.
Le film est divisé en cinq chapitres thématiques :
- agriculture urbaine et permaculture
- énergies renouvelables et transition énergétique
- économie et monnaies locales ou complémentaires
- démocratie directe et engagement citoyen
- éducation et apprentissage du vivre ensemble
Le film met en évidence des actions concrètes menées par divers acteurs, qu’ils soient des entrepreneurs ou des citoyens ordinaires, qui répondent directement à ces situations d’urgence écologique et sociale. Cependant, ces initiatives nécessitent une expérimentation à plus grande échelle.
« Notre objectif était de combiner toutes ces solutions, tel un puzzle, afin de tenter de raconter une nouvelle histoire et de dévoiler à quoi notre monde pourrait convenir. » Conçu comme une aventure joyeuse d’une bande de quatre amis à travers le monde, c’est son ton résolument optimiste et joyeux qui rend ce documentaire unique. Contrairement aux discours anxiogènes et moralisateurs, éloigné des images terrifiantes et apocalyptiques, Demain opte plutôt pour la beauté du monde dans ce qu’elle a de plus soleil et encourageant : des paysages magnifiques et naturels, accompagnés d’actions palpables et à échelle humaine – le tout étant lié par le jeu de voix off qui anticipe les interrogations du spectateur. Des hommes et des femmes de toutes nationalités et cultures y sont visibles en créant des jardins communautaires, où il y a une monnaie locale, et un peu plus loin, des méthodes d’éducation personnalisées pour les enfants. Il n’y a plus personne au bord de la route. Chaque individu trouve sa position dans un monde où, une fois de plus, l’homme, bien plus que le profit, est rétabli au cœur de l’humanité.
Par ailleurs, pourquoi forcément voir le changement comme quelque chose de négatif ?
Rappelons qu’il s’est produit grâce au soutien d’un public averti touché dès le départ, alors que le film n’était qu’à l’état de concept. Une contribution citoyenne pour collecter des fonds (450 000 euros) a donné naissance au film Demain.
En 2018, Cyril Dion reviendra sur ces actions, accompagné de Laure Noualhat, qui est plutôt sceptique quant à l’impact de ces actions à petite échelle sur le changement climatique. L’objectif est de dresser un bilan, en examinant ce qui fonctionne, ce qui a évolué et ce qui perdure. Effectivement, même si le film Demain a pu susciter l’inspiration en créant un nouvel imaginaire, les initiatives individuelles ne sont plus suffisantes aujourd’hui. Les modèles économiques restent inchangés, le système capitaliste continue de détruire les écosystèmes dans le but de toujours plus de croissance, alors que les scientifiques nous donnent jusqu’en 2030 pour réduire de moitié les émissions. Laure Noualhat est épuisée par les discours optimistes. Effectivement, l’écologie représente un sujet délicat car le monde est en proie à un déni alors que la survie de l’humanité est en jeu et les individus ont encore du mal à réaliser l’ampleur du problème.
Alors, comment s’adresser aux personnes? Exposer des récits motivants en mettant en évidence les initiatives positives sans susciter de crainte ou mettre en évidence la gravité de la réalité? Il est essentiel de se montrer prêts à évoluer, à abandonner, à se contraindre, et à aspirer à une autre société plutôt que celle qui vise à maximiser les bénéfices à court terme et le confort maximal que l’on nous propose encore aujourd’hui. De nombreux films catastrophistes dévoilent déjà la fin de notre espèce. La journée de demain est empreinte d’espoir et suggère de débuter quelque part, plutôt que d’attendre que quelqu’un le fasse. Pour ces motifs, ce film-documentaire atteint son objectif en décrivant ce que pourrait être le monde de demain et suscite l’envie de le créer.