La dernière élection présidentielle à fait surgir de manière assez nette les trois clivages qui peuvent définir les visions politiques actuelles. Je vais tenter en dessous une définition de ces trois démarches, pour penser ou concevoir la politique de façon rapide et non exhaustive.
La vision portée par le pôle de droite.
Nous pouvons constater deux axes importants pour définir ce qui pourrait être l’idéologie de droite.
D’un côté, la question identitaire avec le roman national, qui serait la vision qui structure le collectif dans un intérêt, une direction commune. Le roman national pouvant se construire sur une vision plus ou moins passé, ce qui portera un discours plus ou moins réactionnaire et traditionaliste.
D’un autre côté, la droite est portée par une vision méritocratique libérale. La méritocratie est la vision qui rend légitime le libéralisme en partant du principe que la réussite dépend du travail fournit. Plus une personne prendra des risques, plus qu’elle s’engagera et donnera d’elle-même, plus elle pourra s’élever économiquement et socialement. L’État se réduit alors au minimum, le travail individuel et donc la liberté d’entreprendre ne devant pas être freinée pour que la réussite soit réellement méritée. Dans ce sens, la sécurité est un sujet important, du point de vue de la cohésion sociale (construite sur le roman national) et du point de vue de l’inquiétude de la nouveauté, (basé plus sur de la théorie que des expériences qui auraient pu apprendre les limites de celle-ci). Pour reprendre les propos de Michel Feher et le « produciérisme », la population est divisé en 2 idéaux types (2 profils de personnes) les producteurs et les parasites.
- les producteurs : ils sont imaginés, ou ils s’imaginent ne vivre que du produit de leur labeur ; c’est leur travail qui serait source de la prospérité nationale, laquelle découlerait de la somme de leurs efforts individuels, leurs investissements et leurs impôts. Les producteurs adoptent la valeur-travail
- des parasites : ils sont, eux, supposés réfractaires à la valeur-travail, ne feraient rien d’utile et s’accapareraient la richesse créée par d’autres. Ils seraient par exemple des spéculateurs, des capitalistes transnationaux exploitant à leur profit le capital financier ou culturel des Français ou captant illégitimement une part de la redistribution des revenus. Toujours selon Feher, quand cet imaginaire a glissé vers les idéologies de droite, cette catégorie des parasites s’est scindée en deux sous-catégories :
- les parasites d’en haut, qui font circuler les capitaux : spéculateurs, prêteurs et certains intellectuels,
- les parasites d’en bas : les assistés, accusés de vivre de la redistribution de revenus qu’ils n’ont pas contribué à produire.
La démarche qui fait collectif est ainsi le roman national pour que les différences individuelles s’estompe face à une identité collective porteuse de valeurs partagées. Pour Feher, dans cet imaginaire, le producteur serait naturellement fidèles à la culture et aux intérêts de son pays, alors que les parasites seraient infidèles.
Limites de la vision de droite ? D’un côté, le roman national n’est pas une réalité historique, mais se construit sur une idée des réussites passées pour tenter de reconstruire, à partir des informations accumulées, cette vision dans le présent. Cette vision à tendance à masquer les singularités individuelles. D’un autre côté, la méritocratie ne prend pas en compte les différentes problématiques structurantes à la société qui rendent de fait impossible une véritable égalité sociale.
La vision portée par le pôle de gauche.
Nous pouvons, là aussi, constater deux axes importants pour définir ce qui pourrait être l’idéologie de gauche.
D’un côté la question communautaire, avec l’importance des injustices vécu par chaque « minorités » par exemple les questions liées au patriarcat, les questions LGBTQI+, les questions liées aux handicaps, à la religion, bref ce qui touche aux identités individuelles et ce qui peut individuellement stopper la question du mérite. Dès lors, on arrive à la 2ᵉ partie.
D’un autre côté, la gauche est porté par la lutte des classes, les freins systémiques qui créé des rapports de forces entre différentes classes de la population. Nous pouvons pour illustrer cette partie retrouver les discours anticapitalistes, altermondialiste ou les discours basés sur Pierre Bourdieu avec toutes les violences symboliques.
La démarche qui fait collectif est basé sur le bien commun, plus qu’un sentiment d’identité collectif. Par exemple, la question écologique et ce qui doit être mis en place pour construire un avenir écologique sain et porteur d’un imaginaire positif pour tout le monde. Autre exemple, un respect et une prise en compte de chaque minorité.
Limites de la gauche ? D’un côté, la difficulté à construire un nouvel imaginaire, fédérateur et positif qui prennent en compte les singularités et spécificité analysées de chaque « minorité ». Dis autrement, comment faire du commun avec une somme d’individualité ? D’un autre côté, c’est de réussir à attirer des personnes à prendre une direction radicalement nouvelle, sans expériences passée sur lesquelles s’appuyer.
La vision portée par le pôle technocratique (souvent nommé Néolibéral).
Nous avons enfin un 3ᵉ axe structuré de manière différente. Elle se veut apolitique mais « objective et scientifique ». Elle est donc construite sur l’économie, la neurologie, pour tenter de sortir des conflits moraux vu comme trop subjectif.
Cette vision tente de dépolitisé les questions politiques pour les réduire à des problématiques à gérer. On peut illustrer cette voie par deux personnes connues, d’un côté Margaret Thatcher avec son « il n’y a pas d’alternative » et d’un autre côté Francis Fukuyama avec « la fin de l’histoire » (et donc du débat d’idée politique).
Cette vision se base sur une méritocratie où le rôle de l’État est d’accompagner et permettre de faciliter les personnes morales (les entreprises, les multinationales…) à se développer et avoir un poids de plus en plus important politiquement, car les plus grandes entreprises sont basées sur les personnes les plus à même de maitriser, les thématiques dont elles s’occupent. On arrive à une vision plus technique de la politique basée sur les expertises privées. Pour cela, l’État doit être fort avec les citoyens que l’on soumet à la loi du marché et faible avec les marchés auquel l’État passe la main pour les laisser gérer la société.
La démarche qui fait collectif serra un discours plus individualiste basé sur la main invisible. C’est-à-dire que la somme des intérêts personnels portent une utilité collective, social de manière implicite. La question du commun, affectif, ne se pose pas, c’est le résultat d’une construction purement individuelle.
Limites de la vision technocratique ? D’un côté, une vision qui supprime les questions politiques pour en faire une seule vision technocratique, basé sur une forme de naturalisme économique, qui supprime l’essence même de la politique (« oust les idéologies nous on résout les problèmes de façon pratique« ). D’un autre côté, la construction d’une voie qui est pourtant créatrice de problématiques sociales, écologiques, sans porter de réelles visions autre que la gestion du fonctionnement présent en y favorisant la libre concurrence.
Et si ces visions ne servaient qu’à nourrir nos occupations de spectateur face au spectacle du monde ? Voici une vidéo pour approfondir la question :