Petit cours d’autodéfense intellectuelle


Note sur l’origine de ce texte et le livre du même nom

Rédigé dans une langue claire et accessible, cet ouvrage constitue une véritable initiation à la pensée critique, plus que jamais indispensable à quiconque veut assurer son autodéfense intellectuelle. On y trouvera d’abord un large survol des outils fondamentaux que dort maîtriser tout penseur critique : le langage, la logique, la rhétorique, les nombres, les probabilités, la statistique, etc. ; ceux-ci sont ensuite appliqués à la justification des croyances dans trois domaines cruciaux . l’expérience personnelle, la science et les médias.

“Si nous avions un vrai système d’éducation, on y donnerait des cours d’autodéfense intellectuelle.” Noam Chomsky

 

Morceaux choisis

Il n’est pas nécessaire d’avoir un diplôme universitaire pour être un sceptique, comme le montre bien le fait que tant de personnes peuvent acheter une voiture usagée sans se faire rouler. L’idéal que vise la démocratisation du scepticisme est au fond celui-ci:
chacun devrait posséder des outils de base qui permettent d’évaluer rigoureusement et constructivement des propositions qui se donnent comme vraies.

Tout ce que la science demande, à ce niveau, est que l’on emploie partout le même degré de scepticisme que nous mettons en oeuvre lorsque nous achetons une voiture usagée ou lorsque nous jugeons de la qualité d’analgésiques ou de bières en regardant des publicités.

Carl Sagan

Ce petit cours est consacré à ce qu’on appelle “la pensée critique”. De quoi s’agit-il ?

Allons au plus simple: il s’agit d’apprendre à raisonner juste et ainsi, du moins on l’espère, de ne pas (trop) s’en laisser conter. Pourquoi apprendre à raisonner, direz-vous?

La raison n’est-elle pas la chose du monde la mieux partagée ? Chacun de nous n’en est-il pas si bien pourvu qu’il se considère comme un Einstein ? Un peu d’observation dissipe vite ces illusions; et les recherches qui ont été effectuées sur le sujet montre de manière très convaincante combien nous nous bernons et sommes bernés facilement.

Nous montrerons donc d’abord (section I) l’intérêt que présente pour une citoyenneté active et participative la connaissance des outils de la pensée critique. En particulier, nous voulons insister sur le fait que, dans nos sociétés, l’information et l’accès à l’information sont des données politiques cruciales. Il n’est pas tellement étonnant, dans ces conditions, que dans nos sociétés un important moyen de contrôle et de marginalisation du public ait recours au contrôle de l’information et à ce qu’il est juste d’appeler la propagande.

Tout citoyen devrait donc être conscient de l’existence de ces institutions vouées au façonnement de l’opinion (médias, firmes de relation publique, agences de publicité et ainsi de suite) de manière à connaître les instruments dont il se servent et à se prémunir contre leurs effets. Bref : il est impératif pour le citoyen de s’outiller pour assurer son “autodéfense intellectuelle”.

Nous attirons ensuite l’attention sur le langage et certaines de ses propriétés qu’il est souhaitable de connaître pour ce faire (section II) puis sur quelques modestes notions de mathématiques élémentaires d’autodéfense intellectuelle (sections III et IV). La dernière section (V) est consacrée à décrire un modèle de pensée critique, appelée ENQUÊTE et au superbe “kit de détection de poutine” de Carl Sagan qui comprennent tous deux des outils utiles à qui veut pratiquer la pensée critique.

J’espère que tout cela vous sera utile.

 

L’éducation et le savoir livrés aux tyrannies privées

L’éducation est en ce moment en passe d’être livrée pieds et poings liés aux entreprises, aux industriels et à ce que Chomsky appelle les tyrannies privées. Sous nos yeux, ici, maintenant, l’école est littéralement vidée de sa substance et de tout ce qui peut en faire un lieu d’appropriation du monde, de l’histoire, un lieu de culture, de production de sens et d’exercice de la pensée libre régulée par les seules normes de la libre pensée. Les objectifs de cette appropriation sont limpides et, le plus souvent, ils ne sont même pas cachés. L’éducation doit d’abord assurer l’allégeance idéologique du public.

Tout le monde, et dès l’enfance, doit comprendre qu’il n’y a d’autre avenue que le marché, l’entreprise, la compétition, qu’il n’y a d’autres modes de vie que ceux de la production et de la consommation, clé de tout bonheur humain possible. La Banque de Montréal offre ainsi aux enfants du primaire le jeu Mon argent au max !; le Groupe Investors leur propose un livre d’études: Les jeunes et l’argent..

Dans Petit Magot, les enfants apprendront à placer et faire grossir leur magot, à devenir membre d’un club sous la présidence d’un dirigeant de la banque ; ils apprendront les vertus de la philanthropie pour pallier les injustices sociales. Mais ils n’entendront absolument pas parler des vertus d’une fiscalité équitable et progressive et du rôle qu’elle a pu jouer historiquement dans la constitution des démocraties. Ils apprendront à se battre et une des règles du jeu explique d’ailleurs que le perdant est simplement éliminé.

La finalité essentielle de l’éducation dans une démocratie, rappelait Dewey, est la croissance morale et intellectuelle des citoyens et l’éducation doit ultimement s’efforcer de produire “non pas des biens, mais des êtres humains librement associés les uns aux autres sur une base égalitaire”.

 

La Commission Creel et ses alentours

La grande expérience fondatrice de propagande institutionnelle, à cet égard et en Amérique, aura eu lieu lors de la Première Guerre Mondiale, alors la Commission on Public Information ou Commission Creel, du nom de son Président, est créée pour amener la population américaine, majoritairement pacifiste, à entrer en guerre. Le succès de cette Commission a été total et c’est là que sont nées une large part des instruments de propagande des démocraties actuelles.

Walter Lippmann, un de ses influents membres, souvent donné comme “le journaliste américain le plus écouté au monde après 1930” décrit le travail de la commission comme une “révolution dans la pratique de la démocratie” où une “minorité intelligente” chargée du domaine politique, est responsable de “fabriquer le consentement” du peuple, lorsque la minorité des “hommes responsables” ne l’avaient pas d’office. Cette “formation d’une opinion publique saine” servirait à se protéger “du piétinement et de l’hurlement du troupeau dérouté”, (le peuple) un “intrus ignorant qui se mêle de tout”, dont le rôle est d’être un “spectateur”, et non un “participant”. Edward Bernays, un autre membre célèbre de la commission, expliquait en 1925, que c’était maintenant possible de “discipliner les esprits du peuple tout comme une armée discipline ses corps”. Bernays est le principal fondateur de la moderne industrie des Relations publiques et une des fondateurs de la publicité moderne : il amena notamment les femmes américaines à fumer et travailla longtemps pour les compagnies de tabac.

Le type de citoyenneté qui est ici mise l’avant, la citoyenneté de spectateurs et non de participants, est précisément celle que souhaitait et que souhaite encore voir advenir une certaine élite occidentale. Selon ce point de vue, la démocratie sainement comprise est fort différente de celle que la plupart des gens ont ordinairement en tête.

Dans une des toutes premières éditions de l’Encyclopedia of Social Sciences, parue dans les années 30, un des plus éminents spécialistes des médias, Harold Laswell, expliquait justement qu’il importe surtout de ne pas succomber à ce qu’il nomme le “dogmatisme démocratique”, c’est-à-dire à cette idée selon laquelle les gens ordinaires seraient en mesure de déterminer eux-mêmes leurs besoins, leurs intérêts et qu’ils seraient donc, partant, en mesure de choisir par eux-mêmes ce qui leur convient. Cette idée est complètement fausse, assure Laswell. La vérité est plutôt que d’autres, c’est-à-dire une élite à laquelle l’auteur a sans aucun doute la certitude d’appartenir, doivent décider pour eux. L’ennui, poursuit Laswell, c’est que nous sommes ici en démocratie et qu’il est impossible de contrôler la populace par la force.

Heureusement, Laswell et les intellectuels de service (Gilbert Langevin disait superbement : les intellectueurs à gages) ont une solution toute prête à proposer: à défaut du recours à la force pour contrôler la populace, on peut parfaitement bien la contrôler par l’opinion.

On remarquera qu’il y a bien une conception de la société et de la démocratie qui est ici mise en jeu, ainsi qu’une conception des médias qui lui correspond parfaitement. Cette conception traverse de part en part notre culture, nos institutions, nos pratiques et les discours de nos élites.

 

Deux expériences de psychologie sociale

La psychologie sociale est une discipline qui s’intéresse aux interactions entre individu et société ; on y a surtout étudié ce qu’un auteur a appelé l’“emprise invisible” de la société sur l’individu, examinée à travers des notions comme celle de rôle, de statut, d’attitude, de représentation sociale et bien d’autres encore. Et à travers des expérimentations, aussi.

Justement : deux expériences célèbres et étonnantes menées en psychologie sociale sont riches d’enseignements pour la pensée critique. L’expérience de Stanley Milgram sur l’obéissance, d’abord ; celle de Solomon Asch sur le conformisme, ensuite. Je vous propose donc de nous pencher sur ces deux expériences et d’en tirer les leçons.

 

L’expérience de Milgram (à lire sur ce point cet article. )

Nous sommes au milieu des années soixante, à l’Université Yale. Vous avez répondu à une petite annonce parue dans un journal et vous vous présentez au laboratoire de psychologie pour participer à une expérience portant sur les effets de la punition sur l’apprentissage. Un autre volontaire est là et un chercheur en blouse blanche vous accueille.

Il vous explique que l’un de vous deux va enseigner à l’autre des suites de paires de mots et qu’il devra le punir s’il se trompe, le punir en lui administrant des chocs électriques d’intensité croissante. Un tirage au sort vous désigne comme le professeur et l’autre volontaire comme l’élève. On vous conduit dans la salle où se tiendra l’élève et on vous montre la chaise où il sera assis; on vous administre une faible charge électrique pour vous montrer de quoi il retourne. Vous êtes présent pendant que l’on installe l’élève sur sa chaise et qu’on lui place une électrode.

Vous retournez ensuite dans la pièce adjacente avec le chercheur qui vous a accueilli. Il vous installe devant la console que vous opérerez. Les chocs que vous donnerez s’échelonnent de 15 à 450 volts, progressant par 15 volts. Des indications sont inscrites à côté des niveaux: “choc léger”, “choc très puissant: danger”. À partir de 435 volts il n’y a que: XXX. L’expérience commence. À chaque fois que l’élève se trompe, vous administrez un choc, plus fort de 15 volts que le précédent. L’élève se plaint de douleurs à 120 volts; à 150 volts, il demande qu’on cesse l’expérience; à 270 volts, il hurle de douleur; à 330 volts il est devenu incapable de parler. Vous hésitez à poursuivre? Tout au long de l’expérience, le savant n’utilisera que quatre injonctions pour vous inciter à continuer: veuillez poursuivre; l’expérience demande que vous poursuiviez; il est absolument essentiel que vous poursuiviez; vous n’avez pas le choix, vous devez poursuivre.

Vous l’avez deviné: le tirage au sort était truqué, l’élève est un complice, un comédien qui mime la douleur. Bref: c’est vous qui êtes le sujet de cette expérience. Avant de la réaliser, Milgram a demandé à des adultes des classes moyennes, à des psychiatres et à des étudiants, jusqu’où ils pensaient qu’ils iraient. Il leur a aussi demandé jusqu’où ils pensaient que les autres iraient. Personne ne pensait aller, ou que les autres iraient, jusqu’à 300 volts. Mais lors de l’expérience menée avec 40 hommes, âgés de 20 à 55 ans, 63% allaient jusqu’au bout, administrant des décharges de 450 volts.

Les détails de l’expérience, sur lesquels nous ne pouvons nous étendre ici, donnent froid dans le dos. L’expérience de Milgram a été abondamment commentée, reprise, discutée. Mais cette étude expérimentale de la soumission à l’autorité reste une contribution incontournable à notre connaissance de la nature de l’autorité et de son pouvoir à nous faire agir de manière irrationnelle.

La leçon que doit retenir le penseur critique est la suivante: Ne jamais, jamais accepter de prendre part à une expérience de psychologie à l’Université Yale. Non, ce n’est pas ça. Bon … J’y suis: il faut penser avant d’obéir, toujours se demander si ce qu’on nous demande est justifié, même si la demande provient d’une autorité prestigieuse.

 

L’expérience de Asch

Vous êtes encore une fois volontaire pour une expérience. On vous conduit dans une pièce où se trouvent neuf chaises disposées en demi-cercle.

On vous installe sur l’avant-dernière et peu à peu tous les sièges sont occupés par d’autres participants. On vous projette alors deux cartes simultanément. Sur la première figure une seule ligne, de huit pouces; la deuxième comporte trois lignes, de 6, 8 et 10 pouces respectivement. On vous demande d’identifier la ligne de la deuxième carte qui correspond à la ligne de la première carte. Facile comme tout! Les participants situés à l’autre bout du demi cercle se prononcent avant vous. Stupeur: ils ne donnent pas la bonne réponse.

Tous optent pour la mauvaise ligne. Bien entendu, ce sont tous des complices, encore une fois. La question est: que ferez-vous à votre tour de parler?

Ici encore, les résultats de l’expérience, de manière consistante, ont été troublants. Plus du tiers des sujets se ralliaient à l’opinion du groupe; 75% se ralliaient au moins une fois.

Moralité? Le conformisme est dangereux et il faut, toujours, penser par soi-même. C’est toujours difficile, parfois inconfortable, mais indispensable.

 

Deux coffres à outils de pensée critique

 

Le modèle ENQUETE

Le moment est donc venu de synthétiser quelque peu ce qu’on a vu et de le mettre en application.
Je vous propose d’abord un modèle destiné à nous aider à évaluer des propositions qu’on soumet à notre approbation. Il a été conçu par Theodore Schlick Jr. et Lewis Vaughn. En anglais, il s’appelait “SEARCH” (c’est un acronyme), ce que je propose de rendre par ENQUETE (un autre acronyme).

Le modèle ENQUETE comprend quatre moments:
• ÉNoncer la proposition
• Déterminer ce QUi est invoqué pour la soutenir
• Envisager d’autres hypothèses
• TEster toutes les hypothèses.

Voyons cela de plus près.

Le premier moment consiste à ÉNoncer le plus clairement possible la proposition qui est mise l’avant. L’idée est toute simple: on ne devrait pas évaluer de manière critique une proposition que l’on ne comprend pas, dont n’a pas une idée précise de ce qu’elle signifie. Or, bien souvent, les propositions que l’on nous demande d’admettre ne sont ni précises, ni claires. La première étape sera donc de la formuler clairement. Bref: qu’est-ce qui est avancé exactement ?

Le deuxième moment consiste à déterminer QUels arguments et QUelles données sont mises de l’avant pour soutenir la proposition. Ces arguments sont-ils valides? Ces données sont-elles fiables, crédibles? Il est bien entendu que rien ne remplacera jamais le fait d’être informé pour porter un jugement adéquat sur tout cela.

Le troisième moment est consacré à Envisager des hypothèses alternatives. Demandez-vous si d’autres hypothèses que celle qui est proposée ne pourraient pas, elles aussi, être avancées en faveur de la proposition. Ici encore, l’idée est assez simple: il est toujours sage de ne pas sauter trop vite aux conclusions, de considérer d’autres explications possibles et de se dire que même si on ne parvient pas tout de suite à la trouver, il pourrait bien y en avoir une.

Le quatrième et dernier moment est celui où l’on TEste chaque hypothèse selon des critères d’adéquation.

Ces critères sont au nombre de cinq.

Testabilité, d’abord, i.e. l’hypothèse est-elle testable? Y a-t-il moyen, au moins en principe, de déterminer si elle est vraie ou fausse? Si ce n’est pas le cas, elle est probablement triviale et sans valeur.

Fécondité, ensuite. L’idée est ici qu’une hypothèse qui permet de faire des prédictions observables, précises et surprenantes ou inattendues est, toutes choses étant égales, plus intéressante que les autres.

Étendue. En un mot: toutes choses égales par ailleurs, plus une hypothèse explique de choses, plus est étendu le champ des phénomènes où elle s’applique, meilleure elle est.

Simplicité. On veut dire ici qu’en règle générale, une hypothèse qui nous oblige à faire moins d’assomptions, qui nous conduit à postuler moins d’entités, doit être préférée.

Conservatisme, enfin: une hypothèse consistante avec nos savoirs les mieux fondés doit en général être préférée à une hypothèse qui ne l’est pas.

Il va de soi, mais vous l’aviez compris, que tout cela doit être appliqué de manière raisonnable et non pas mécaniquement et ouverte et non pas dogmatiquement.

 

Le kit de détection de Poutine de Sagan

Pour clore ce petit cours, voici le Kit de détection de poutine de Carl Sagan. Vous ne connaissez pas Sagan? Vous êtes bien chanceux, puisque vous allez faire une grande découverte.

L’astronome Carl Sagan, qui a été un grand vulgarisateur scientifique et tous ceux qui ont vu la magnifique série télévisuelle Cosmos pourraient en témoigner avec enthousiasme était également un sceptique éminent. Dans le dernier ouvrage qu’il fait paraître, The Demon haunted world (1996), Sagan a proposé ce qu’il appelle un Baloney detection kit, ce que je suggère de rendre ici par kit de détection de poutine. Il s’agit d’un ensemble d’outils sceptiques permettant de ne pas s’en laisser conter et de naviguer dans les eaux troubles des croyances de tout poil soumises à notre approbation.

On y trouve d’une part des maximes qu’il faut connaître et suivre, de l’autre une liste de sophismes qu’il importe de savoir repérer.
Voici donc ces outils servant à tester des arguments et à détecter ceux qui sont invalides ou fallacieux.

 

  • Lorsque cela est possible, il faut des confirmations indépendantes des faits.
  • Il faut encourager des discussions substantielles des faits par entre des gens informés ayant différents points de vue
  • Des arguments d’autorité n’ont que peu de poids (en sciences, il n’y a pas d’“autorités”)
  • Envisagez plus d’un hypothèse et ne sautez pas sur la première idée qui vous vient à l’esprit
  • Essayez de ne pas vous attacher excessivement à une hypothèse simplement parce que c’est la vôtre.
  • Quantifiez partout où cela est possible.
  • S’il y a une chaîne d’arguments, chacun des maillons doit fonctionner.
  • Le rasoir d’Occam: s’il y a deux hypothèses qui expliquent les données aussi bien, préférez la plus simple.
  • Demandez vous si votre hypothèse peut, au moins en principe, être falsifiée (i.e. être démontrés fausse par un test nom ambigu). En d’autres termes, est-elle testable? Les autres peuvent-ils reproduire l’expérimentation et obtenir les mêmes résultats?
  • Réalisez des expérimentations contrôlées et tout particulièrement en double aveugle de telle sorte que la personne qui prend les mesures ignore qui fait partie du groupe expérimental et du groupe témoin.
  • Portez une attention particulière à la mutiplicité des facteurs en cause et séparerez les variables.

 

Sophismes courants en logique et en rhétorique

Ad hominem

attaquer la personne qui argue plutôt que l’argument.

Argument d’autorité

Argument mettant de l’avant des conséquences défavorables mettre de la pression sur qui doit prendre une décision en rappelant les conséquences terribles pour lui d’une certaine décision .

Appel à l’ignorance

l’absence de preuve ou de témoignage n’est pas la preuve ou le témoignage que ce qui est recherché n’existe pas.

Présumer la question résolue

la formulation même de la question présuppose une réponse.

Observation sélective

compter les réussites et ne pas tenir compte des échecs.

Statistiques des petits nombre

par exemple tirer des conclusions d’un échantillon inadéquat.

Mauvaise compréhension de la nature des données statistiques

par exemple le Président Eisenhower s’étonnant et se troublant du fait que la moitié de
Américains ont une intelligence inférieure à la moyenne.

Inconsistance

par exemple: les dépenses militaires du gouvernement se fondent sur les pires sécnarii tandis que les projections scientifiques en matière de menaces environnementales ne sont pas prises en compte parce qu’elles ne sont pas “prouvées”

Non sequitur

ou “ne s’ensuit pas”.

PosthHoc, ergo propter hoc

c’est arrivé après donc à cause; ou confondre cause et effet.

Question dénuée de sens

qu’arrive-t-il lorsqu’une force irrésistible rencontre un objet immuable?

Tiers exclu

ne considérer que deux extrêmes d’une éventail de possibilités (et faire paraître l’autre côté pire qu’il n’est).

Court terme vs long terme

“pourquoi poursuivre des travaux de recherche fondamentale alors que nous avons un grand déficit budgétaire?”

La pente glissante

qui est une variété de tiers exclu: extrapolation indue des effets: donnez un pouce, ils prennent un mile.

Confondre causalité et corrélation.
L’homme de paille:

caricaturer (ou stéréotyper) une position de manière à la rendre plus facile à attaquer.

Suppression de données ou demi-vérités
Mot équivoques ou ambigus

par exemple l’utilisation d’euphémismes pour désigner la guerre […]

Je laisse à Sagan le dernier mot de ce petit cours. Celui-ci a en effet développé l’idée de ce qu’il appelle un “exquis équilibre” entre deux extrêmes. Voici comment il la présente:

“Il me semble que ce qui est requis est un sain équilibre entre deux tendances: celle qui nous pousse à scruter de manière inlassablement sceptique toutes les hypothèses qui nous sont soumises et celle qui nous invite à garder une grande ouverture aux idées nouvelles. Si vous n’êtes que sceptique, aucune idée nouvelle ne parvient jusqu’à vous; vous n’apprenez jamais quoi que ce soit de nouveau; vous devenez une détestable personne convaincue que la sottise règne sur le monde et, bien entendu, bien des faits sont là pour vous donner raison. D’un autre côté, si vous êtes ouvert jusqu’à la crédulité et n’avez pas même une once de scepticisme en vous, alors vous n’êtes même plus capable de distinguer entre les idées utiles et celles qui n’ont aucun intérêt. Si toutes les idées ont la même validité, vous êtes perdu: car alors, aucune idée n’a plus de valeur”

 

Source : LE PETIT COURS D’AUTO­DÉFENSE INTELLECTUELLE Chroniques de Normand Baillargeon