Pourquoi les choses simples sont bien souvent complexes ?

Une personne qui arrive à être heureuse et légère dans un monde en souffrance, arrive à accepter le réel et à agir simplement. Cela peut être des plus complexes. C’est tout l’art de savoir passer de notre potentiel à notre réel en s’orientant sur l’unité qui va nous permettre d’évoluer.

 

De nos jours ce qui impressionne, ce sont les personnes compliquées : l’exceptionnel, le hors normes, alors qu’au final, ce sont les gens les plus simples les plus impressionnants. Quand on voit des gens normaux, qui ont des souffrances, des peurs et qui ne bougent pas et continue à accepter et vivre normalement, ça veut dire qu’ils ont un système interne particulièrement complexe pour absorber tous ces chocs. Alors que souvent, les gens qui semblent bien compliqués vivent dans un cadre qui peut leur permettre d’accéder à cette exceptionnalité. Du coup, bien souvent, un choc peut briser leur système et les faire s’effondrer et tout remettre en cause. C’est la distance entre la connaissance ou la compétence (plus ou moins complexe) et ce que tu es devenu.

Mais qu’est-ce que la complexité ?

Plus on approfondit le vivant, plus se révèle sa complexité. Comment alors vivre la simplicité au sein du complexe qu’est le vivant ? En reconnaissant l’unité au sein de la diversité. Aussi est-il important de dire qu’une personne simple n’est pas une personne peu complexe, mais celle qui, au sein de la complexité, maintient la vision d’unité. Celle qui n’est pas éparpillée dans l’apparente diversité des parties et qui, en chaque partie, reconnaît l’intelligence du tout.

C’est pour cela que le plus complexe n’est pas de remercier et d’accepter les évènements lorsque tout va bien, mais justement quand la difficulté est bien présente. Savoir dire merci quand ça ne va pas, c’est une chose simple tellement complexe, mais tellement bénéfique pour soi et pour nos relations. En pratique, on peut voir cela sur la capacité à prendre pour soi ou pour la vie ce qui est présent, sans chercher un tiers sur qui remettre la faute. Ce qui jeune se nomme du caractère et devient par la suite de la souffrance interne. Du coup, le bien vécu ou le mal vécu de chaque situation dépend au final, de comment on se prépare intellectuellement, spirituellement à accueillir l’évènement. C’est pour ça qu’une personne qui t’annonce un défaut que tu ne connais pas, sera bien souvent bien plus mal reçu qu’un défaut que tu as déjà accepté.

La simplicité, c’est d’aller directement là où l’on doit aller ; et être compliqué, c’est faire des tours et des détours pour arriver au même point. Être compliqué, c’est porter l’attention sur toutes les séparations qui divisent et font souffrir, plutôt que de tenter de voir comment grandir de tout cela.

 

Mais attention pour cela, il faut faire la distinction entre compliqué et complexe.

Un individu compliqué, c’est quelqu’un qui croit encore à la réalité des diversités et de l’importance de la confrontation de celle-ci. Quel que soit le niveau d’organisation complexe dans lequel on se trouve, il existe une façon de voir cette complexité, simplement en cherchant comment l’accepter, la dépasser et avancer en fonction des moyens qui me sont donnés. Et cette acceptation de voir la vie si simplement est au final d’une grande complexité, car c’est un chemin qui n’est pas des plus faciles.

 

Quelle est la place de l’effort ?

Celles et ceux qui voient la vie comme une lutte permanente pensent qu’il faut avancer malgré les problèmes que l’on rencontre, alors que les difficultés rencontrées, nous font justement avancer et nous permettent de faire exister des parties de nous jusque là enfouies. C’est comme si nous allons chez un menuisier avec un tronc d’un arbre rare qui nous a coûté assez cher. Et arrivé sur place, on lui demande de nous tailler une très belle commode, mais par contre sans jeter aucun copeau. Après tout, il a été suffisamment cher pour ne pas en jeter le tiers, voir la moitié. Seulement voilà, pour faire surgir une belle commode de n’importe quel tronc, les copeaux sont indispensables. Toute la question est de savoir alors si je suis prêt à dépasser les copeaux pour voir découvrir les meubles que je veux construire et non simplement utiliser. Et ce qui est beau, c’est que si j’arrive à construire de beaux meubles, alors les copeaux ne deviennent que des petits copeaux qui ont leur place dans un des meubles, mais ne seront plus vus comme la forêt dense qui m’empêche de traverser le chemin de mes objectifs. À cela, j’ajouterais, que le degré de quiétude trouvé, et bien souvent proportionnelle à l’effort éprouvé. 

Alors, êtes-vous prêt à construire votre demeure intérieure pour vous y poser simplement dedans en paix avec vous-même et votre environnement ?

 

source : « La pensée comme voie d’éveil » de Yvan Amar