La spiritualité peut-elle être rationnelle ?

Il est important dans un premier temps, pour répondre à cette question de différencier la vision empiriste et la vision rationaliste. L’une privilégie les connaissances scientifiques comme étant à l’origine de toute connaissance surtout empirique donc venant de l’expérience, là où le rationalisme privilégie les connaissances venant de la raison donc d’abord la logique ensuite les mathématiques et enfin seulement les sciences empiriques.

On pourrait pour aller vite dire que la différence entre le rationaliste et l’empiriste, est une question de pari sur où poser sa confiance. L’empiriste soulignera le fait que notre logique, notre raison, peut nous tromper (voir la question des biais cognitif), là ou pour le rationaliste, il fera plus confiance dans le raisonnement plutôt que dans nos sens, fondamentaux pour percevoir et analyser l’expérience. 

en bonus voici une vidéo qui parle des biais de notre cerveaux sur la perception à partir de nos sens : 

 

Un rationaliste attend donc des preuves logiques. La logique par définition est irréfutable. Ce qui va faire le problème en logique va être la contradiction. Il faut trouver qu’on arrive à une absurdité. Mais si vous cherchez à prouver par l’expérience que 1+1=2, vous ne pouvez pas, puisque c’est un énoncé qui par lui-même est analytique, c’est-à-dire qu’il ne dépend pas de l’expérience. L’expérience apporte simplement des inductions qui sont probabilistes, mais vous n’aurez aucune loi de la logique. Par exemple, pour un rationaliste 1+1=2 est bien une connaissance absolue. Un être existe de manière rationnelle à partir du moment ou un être est logiquement possible. C’est ce que l’on nomme par exemple une expérience de pensée où on peut concevoir un être logiquement possible, pour vérifier : est-ce que si on émettait telle hypothèse ça conduirait ou non à une contradiction.

Mais privilégié à l’excès la science nous oblige à négliger certaines vérités qui sont pourtant raisonnables d’admettre. La vérité, déjà, est quelque chose qui est assez évident pour tout le monde, c’est le fait qu’il y est la correspondance entre un énoncé ou une idée et un fait. Si je dis que je suis en train d’écrire, c’est vrai, car je suis effectivement en train d’écrire. On peut voir aussi facilement comment on peut vérifier la vérité. Ceci étant posé, passons maintenant à l’étape suivante. 

 

Qu’est-ce que le vrai ?

 Il y a 2 critères pour vérifier si un énoncé est vraiment vrai. Le premier est : est-ce que l’énoncé en question est logiquement nécessaire ? C’est-à-dire, si on le niait est-ce que ça impliquerait une contradiction ? Exemple de Descartes : « je pense donc je suis ». Cela est évidemment vrais puisqu’il est impossible de penser sans être. C’est donc une vérité évidente, purement logique. Le deuxième critère, est les vérités qui sont empiriques et vérifiées immédiatement. Si par exemple, je dis, je vois mon ordinateur en face de moi, c’est vrai parce que je constate que je vois effectivement mon ordinateur devant moi à cet instant. Nous avons donc d’un côté les vérités rationnelles et de l’autre les vérités empiriques.

De la même manière pour le faux, on peut utiliser les mêmes critères. Si un énoncé est logiquement impossible et bien, on sait qu’il est évidemment faux. Si je vous dis que devant vous il y a un cercle carré (dans un espace euclidien), c’est évidemment faux, car l’idée d’un cercle carré est contradictoire. Il n’y a donc même pas besoin d’expérience, je sais d’office que l’idée est fausse. Et le deuxième critère empirique lié à l’expérience : si je fais une expérience contraire à l’énoncé en question alors je sais que c’est faux. Si par exemple, je dis que depuis ma place à Toulouse, je vois la Tour Effel, je sais que c’est faux, car je constate que je ne vois pas la tour Effel depuis ma position.

Les zones de flous 

Donc la question du vrai et du faux semble au final assez évidente. Mais là où c’est plus problématique, c’est que pour tous les énoncés où on ne répond ni au critère de vérité, ni au critère de fausseté. Et il y a un grand nombre d’énoncés qui pourrait être qualifier de possible.   Un exemple : il y a une pièce de 1 euro perdue au fond de l’océan et dont nul ne connaît l’existence. Personne ne peut me dire si cet énoncé est vrai ou faux. Personne, car il n’est ni logiquement nécessaire, ni logiquement contradictoire, ni infirmé, ni réfuté par l’expérience. Je ne peux donc pas me prononcer à savoir si c’est vrai ou faux.

La plupart de nos croyances ou de nos idées, sont en réalité du domaine du possible. Ni évidemment vrais ni évidemment fausses. Prenons l’histoire par exemple, la plupart des gens s’imagine que l’histoire est une discipline évidente, tout le monde sait que Jules César a existé, mais nous avons aucune certitude en réalité à 100%. En fait, l’histoire ne contient aucun énoncé qui soit logiquement nécessaire, ni aucun énoncé qui soit empiriquement vérifiable. Sauf bien entendu en archéologie. Sinon, nous sommes obligés de s’appuyer sur des documents qui si on n’y fait confiance, nous font pensée qu’il s’est passé tel ou tel événement. Mais, on ne peut pas vérifier si effectivement Jules César a existé. Ce qui fait que parfois, on se pose la question : est-ce que l’histoire est une science ? Alors oui, c’est une science, mais différente des sciences dites empiriques. Autre exemple, les sciences naturelles sont le signe qu’on ne peut pas avoir de certitude absolue, car les sciences naturelles se fondent sur l’induction. C’est dire sur l’accumulation d’une série de cas particuliers pour en tirer une loi générale. Le seul problème est qu’on ne peut jamais être sûr qu’on ne trouvera pas un jour un cas particulier qui viendra infirmer la loi générale. Si par exemple, je dis que jusqu’à aujourd’hui, je n’ai vu que des corbeaux noirs et que j’en tire la loi « tous les corbeaux qui existent sont des corbeaux noirs » et bien il me suffit de trouver qu’un seul corbeau blanc et ma loi est réfutée d’office. Et je ne peux pas assurer à priori que je ne trouverais jamais un corbeau blanc. Ce qui fait qu’un épistémologue qui s’appelait Karl Popper affirmait que la science ne s’occupe pas du vrai, elle s’occupe de ce qui est évidemment faux, car réfutable par l’expérience ou de ce qui est vraisemblable. C’est-à-dire plus on accumule d’expérience, plus on sent qu’on s’approche de la vérité, mais sans être absolument certains.

La place de la métaphysique

Et enfin, il y a des croyances, qui semblent évidentes pour tout le monde, et qui pourtant n’ont aucun support : ni logique, ni expérimental. Elles semblent pourtant être des vérités tellement essentielles que si on n’y adhère pas et bien tout notre corpus de connaissances part à la poubelle. C’est ce que l’on nomme les croyances métaphysiques. Et un exemple de croyance métaphysique est : le monde existe. Êtes-vous sûr que le monde existe ? Descartes disait : « et si maintenant j’étais dans un rêve ? Comment puis-je faire la différence entre le rêve ou la réalité ? ». Je n’ai aucun critère logique, ni aucun critère empirique. Je peux facilement confondre les deux. Plus récemment un philosophe, épistémologue qui se nomme Hilary Putnam a donné un autre exemple dont c’est inspirer le film Matrix qui est : « admettons que je sois un cerveau dans une cuve connectée avec des électrodes. Et ces électrodes me donnent l’illusion de ce monde. Quelle preuve logique ou empirique puis-je avoir que cette hypothèse est fausse ? ». Et bien en fait, je n’ai aucune preuves logiques ou arguments mathématiques, je ne peux avoir que des arguments métaphysiques en faveur de cette hypothèse-là. C’est-à-dire que si on n’admet pas qu’il y est des vérités métaphysiques on est obligé de dire qu’il n’y a aucune vérité, même pas une vérité scientifique. Car, pour qu’il y est une vérité scientifique il faut d’abord croire que le monde existe.

Il y a donc, d’un côté des connaissances qui sont certaines : celle de la logique et celle de l’expérience immédiate, mais elles sont en très faibles nombres. Et de l’autre côté, nous avons une grande quantité de croyances qui sont en fait incertaines.

Le relativisme 

Pour autant, je ne crois pas au relativisme, ça pourrait être facile de dire « vue qu’on ne peut pas vérifier cela de façon absolument certaine, chacun a le droit de croire ce qu’il veut. » Je ne partage pas cet avis, je ne crois pas qu’il faille céder au relativisme. Je crois au contraire, que la vérité n’est pas une affaire de préférence subjective, ce n’est pas une question de goût, et donc nous devons rechercher des arguments pour croire quelque chose comme vrai. Et d’autre part, nous ne devons pas céder au relativisme, car nos croyances ont des implications éthiques. Lorsque, je crois quelque chose je vais agir selon mes croyances. Si je crois que le monde est une illusion et que je peux donc me permettre d’y faire ce que je veux comme si je jouais à GTA, je pourrais me permettre, logiquement de tuer n’importe qui, ce qui est évidemment absurde. Donc nos croyances ont bien des implications métaphysiques et des implications éthiques et c’est pourquoi nous ne devons pas croire comme nous le voulons, mais avec méthodologie. De plus un relativisme absolue amènerait vers une forme de nihilisme qui pose alors d’autres problématiques. 

 

Il faut donc reconnaître que oui, nous avons des certitudes qui sont positives et d’autres négatives à prendre comme telle. Et pour le reste nous devons avoir à faire à des arguments probabilistes. Et parfois, cette probabilité peut aller assez loin, on peut faire confiance, aux témoignages. Par exemple, l’enseignement, n’existerait pas si on ne faisait pas d’abord confiance dans celui qui nous enseigne. Et donc, par conséquent, nous devons parfois faire confiance aux témoignages selon la crédibilité et la légitimité du témoin.

En matière de religion ou de spiritualité, je pense que nous devons procéder de la même manière, nous ne devons pas être subjectiviste en fonction de nos préférences, nous devons nous baser sur des démonstrations des preuves ou des arguments probabilistes. Je pense que la position par défaut c’est celle de l’agnosticisme qui consiste à ne rien affirmer, et s’il y a des arguments qui tendent en faveur de l’athéisme on doit adhérer à celui-ci. S’il y a des arguments qui tendent en faveur du théisme on doit alors adhérer au théisme. Même si ce n’est qu’une question de probabilité. C’est donc un chemin de la vérité méthodique, philosophique, qui se nourrit également des sciences, qui peut nous conduire de façon fiable à ce qui est vrai.

Qu’est-ce qui pourrait arriver à la conclusion de l’inexistence de Dieu ?

Ce n’est pas un miracle mais une contradiction. C’est-à-dire, pouvoir démontrer par A+B que l’idée de Dieu est contradictoire, dans ce cas-là ça deviendrait une impossibilité logique et dans ce cas alors, il serait légitime d’en douter. Mais, il n’y a pas d’éléments empiriques qui feraient douter, car il est bon d’avoir une méfiance naturelle de rationaliste vis-à-vis des éléments empiriques auquel on peut toujours leur donner une autre interprétation. Wilfrid Sellars disait il n’y a pas de donnés brut, toutes donnés est déjà infusées d’interprétation. Il est donc important de prendre avec des pincettes l’expérience.

 

Dépasser la question du vrai :

Pour reprendre les termes de Yann Boissière, le débat entre le théiste et le non théiste offre un clivage à double tiroir. Une réponse divergente quant à l’existence de Dieu, mais plus encore : le non-théiste estime la position du théiste “gratuite”, voire malhonnête vis à vis du devoir de justification. 

L’idée selon laquelle une croyance est une croyance justifiée est un héritage du Théétète de Platon. C’est au nom de ce principe que les opposants à la religion somment les croyants à la justification épistémique, autrement dit, leur imposent de justifier leur croyance par des arguments rationnels, d’exposer les “bonnes raisons” qu’ils ont de croire, suivant en cela l’adage de Cliford, un mathématicien et philosophe anglais, pour qui “il est mauvais, partout, pour toujours et pour quiconque de croire quoi que ce soit sur la base d’une évidence insuffisante”. à en croire Cliford, le devoir du croyant s’annonce particulièrement rude : prouver l’existence de Dieu, mais également tout ce qui en découle !

L’agenda démonstratif du “croire” honnête et justifié s’énonce ainsi :

a/ savoir que nous croyons et ce que nous croyons : 

b/ connaître nos raisons de croire ; 

c/ contrôler la validité épistémique de nos raisons de croire

d/ assumer les conséquences pratiques de croyances qui sont sous notre contrôle.

Le cardinal Newman, en son temps, s’était insurgé contre cette inflation logique : “La vie n’est pas assez longue pour une religion d’inférence!” Son objection suggère avec justesse que le bon référentiel, pour une “vérité” de cette nature, ne saurait être un “état de fait” précis, dont la valeur probante forcerait “la” réponse à la question de l’existence de Dieu. Le bon référentiel, c’est tout simplement la vie du croyant. Une réalité personnelle, évolutive. Qui ne se prouve ni ne s’approuve, mais s’éprouve, dans le temps. 

Le débat autour de l'”existence de Dieu”, la tentative de réduire la croyance à une affirmation d’existence, posent en fait une question plus large à l’humain contemporain. Est-il légitime d’orienter notre vie au nom de “valeurs”, d’idées posées comme des “valeurs”, par définition non démontrable ?  Toute quête de sens devra-t-elle se livrer aux fourches caudines de la preuve ? Certes, dans la croyance, Dieu est “présupposé”, “impliqué”, ou posé comme une évidence, mais cette “valeur Dieu” n’aura jamais la fonction d’une prémisse dans un syllogisme. Que ce point deumeure largement incompris, en revanche, est révélateur d’une des idéologies les plus puissantes de notre époque : le nominalisme. 

Le nominalisme fut un courant de la philosophie médiévale soutenu par Occan (celui du “rasoir”) et par Buridan (celui de “l’âne”). Face au modèle de connaissance platonicien, pour qui l’existence est une manifestation de l'”essence” (eidos), les nominalistes opposent un postulat contraire : ces soi-disant “essences” ne sont en fait que les noms – purement “nominaux” – que l’humain donne à ses expériences. Le nominalisme, qui au départ n’était qu’une thèse générale, métaphysique, fut bien vite “enrôlé”, toutefois, comme une arme de guerre sur le front de la critique religieuse. L’idée fera florès : la religion n’est qu’un produit imaginaire, qui n’a d’autre fonction que de masquer, par des grand mots vides, notre peur de la mort.

Yann Boissière rappelle, que pour le croyant Dieu n’est en rien une explication, cela ne suffit vraissemblablement pas pour retoquer cette ironie mal placée : incorrigibles vainqueurs d’une joute dont l’enjeu n’existe pas, les scientifiques n’aiment rien tant que projeter leur propre grille d’analyse sur la religion, l’amener sur son terrain, pour mieux la débouter au nom de critères qui ne sont pas les siens. Nous pouvons par exemple prendre comme exemple Yuval Harari, pour qui Dieu ne serait qu’un bouche trou lexical destiné à combler nos ignorances : “Parfois, quand ils évoquent Dieu, les gens parlent d’une énigme grandiose et imposante dont nous ne savons rien. Nous invoquons ce Dieu mystérieux pour expliquer les énigmes les plus profondes du cosmos. Pourquoi y a t-il quelque chose plutôt que rien ?  Qu’estce qui fait les lois fondamentales de la physique ? Qu’est-ce que la conscience ? D’où vient-elle ? Nous ne connaissons pas les réponses à ces questions et nous donnons à notre ignorance le nom de grandiose de Dieu : la caractéristique la plus fondamentale de ce Dieu mystérieux est que nous n’avons rien de concret à dire de lui.” Il sera pertinent de rappeler, que les questions évoquées par Harari ne sont aucunement celles que pose la religion. Pourquoi, dès lors, dédaigner les enseignements que la religion porte sur d’autres questions, pour s’étonner de son silence sur les questions que la sciences, elle, se pose ? Ce malentendu mérite réflexion. 

Si pour le croyant Dieu est, il est clair qu’il ne pourra jamais le prouver, pour une raison fondamentale : ce qui donne un sens à la vie se joue dans l’ordre de l’espérence et des valeurs, autrement dit non dans l’ordre des choses qui sont, mais qui devraient être ; une preuve en signerait tout simplement l’inxtinction ! Selon Socrate, seule une vie examinée vaut d’être vécue, mais soyons assurés qu’une vie “prouvée” ne serait plus une vie. Cette absurdité s’entend parfaitement dans l’idée symétrique : peut-on “croire” que 2+2 font 4″ ? Cela n’a aucun sens comme c’est expliqué en début d’article. Si vouloir croire une vérité n’a pas de sens, prouver une valeur n’en a pas davantage. 

La science, d’un côté, par les conquêtes transitoires de l’hypothèse et de la théorie, ouvre notre réel au génie des régularités. De l’autre, la longue sagesse de l’humanité, celle qui fait dire à Levinas : “La bible est le livre des livres où se disent les choses premières, celles qui devraient être dites pour que la vie humaine ait un sens.” Non celles qui “disent, écrit avec finesse Levinas, mais “celles qui devraient être dites”… Modestie, sagesse de la reconnaissance, seule garante du désir… Dès lors, si selon Flaubert “la bêtise est de vouloir conclure”, alors oui, maintenons le mystère du parallélisme, qui jamais ne fait se croiser les fantasmes, ni n’écrase l’un sur l’autre. Et qui sait, Dieu ne manque -t-il pas lui-même d’humour ? “qui sommes nous, interroge Louis Jacob, pour récuser l’idée que Dieu, dans son infinie sagesse, ait justement choisi d’utiliser ces grand penseurs, ainsi que d’autres, pour faire connaître à l’humanité, son mode de fonctionnement ?” 

 

Maintenant que nous avons décortiquer la question du vrai, nous pouvons aller plus loin. Sortir d’un piège logique en posant un vision plus large : comprendre que “croire” et “ne pas croire” est un jeux de langage différents. La croyance n’est en effet pas qu‘une opinion déclarative, mais un acte de position normatif. Dire “je crois en Dieu” n’est pas affirmer l’état de fait d’un réel qui serait “Dieu”, c’est témoigner de ma décision de placer mon existence en rapport avec Dieu. La bonne question ici n’est pas celle de son “existence”, mais : “Comment orienter ma vie?”

La philosophie, la religion, la science ou toute autre vision de grande ampleur valent également, en plus de leur congtenus de pensée, comme formes de vie globale, dont se détache seulement ensuite telle ou telle notion, pour les besoins de la conversation. Leurs “objets de pensée” sont toujours affirmés dans un certain prisme, une orientation, une lumière propre. La religion est cette activité qui cherche à répondre aux expériences fondamentales de l’humain projeté dans le monde. En Occident, il y en a eut deux de quelque importance : L’étonnement et la reconnaissance. L’étonnement, d’une part, que les choses soient ce qu’elles sont. Son prolongement, la question du “quoi” des choses du monde, a donné naissance à la philosophie. La reconnaissance, quant à elle, fondé sur l’intuition première que la vie et l’être nous sont donnés, appelle la question “qui” : “Qui je dois être”, pour orienter ma vie à la hauteur du don qui m’est fait. Telle est la Loi, la foi, la religion.

Croire, être croyant, être religieux, n’est pas penser détenir une représentation adéquate de Dieu. C’est une intuition, ouverte, qui engage à une activité normative pour soi-même. Oui, pour le croyant “Dieu existe”, mais non comme une réponse à la question : “existe-t-il?” Il existe, quant je fais de ma vie une question qu’il m’adresse.  

 

source : 

Alexis Masson 

Yann Boissière dans l’ouvrage “courage croyons”.